Far breton aux prunes quetsches
Pâtisserie simple mais délicieuse, le far breton nous vient tout droit de la Bretagne, comme son nom l’indique, mais il a largement dépassé ses frontières depuis plusieurs décennies. À l’origine, il était bien différent du far breton que nous connaissons aujourd’hui.
__ POUR LA PETITE HISTOIRE
Le far breton serait né au XVIIIe siècle sous une forme bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Il s’agissait au départ d’une bouillie de blé servie pour accompagner la viande. Son nom est tiré du latin «far» signifiant «froment», «blé» ou encore «gruau» ainsi que du breton «farz forn» se traduisant par «far au four». Cet accompagnement était donc très bon marché mais riche d’un point de vue nutritif.
Avec le temps, la recette du far breton évolue. Au XIXe siècle, la farine de blé, le sucre et le lait deviennent les ingrédients principaux, puis les œufs et le beurre sont ajoutés par les familles les plus fortunées pour finalement devenir le dessert sucré que nous connaissons. À l’époque, bien que peu coûteux, le far breton était uniquement dégusté lors d’événements familiaux et religieux. Les pruneaux ne sont arrivés que bien plus tard mais de façon naturelle. Ces derniers sont traditionnellement utilisés à l’état séchés. En effet, ils étaient très consommés par les marins durant leurs longs voyages pour leurs qualités nutritionnelles riches ainsi que leur facilité de conservation. On les a donc incorporés dans la recette, bien que le far breton traditionnel se déguste sans fruit.
__ LES PRUNES QUETSCHES
Pour alléger un peu ce classique breton, je vous propose une version du far réalisé avec des magnifiques prunes quetsches question de profiter de la saison qui tire à sa fin. Entre vous et moi, l’utilisation de fruits frais plutôt que séchés rend ce dessert nettement meilleur et moins vraiment moins lourd.
La quetsche est une variété de prune à la peau bleutée et violacée et à la chair dorée et parfois un peu rougeâtre. Elle est largement cultivée en Europe, mais aussi au Canada. Chez-nous, cette variété de prunes à la forme légèrement allongée, porte bien souvent les noms de prunes italiennes ou simplement prunes bleues d’Ontario. Notez bien que cette recette se fait tout aussi bien avec n’importe quelles prunes disponibles sur le moment.
J’ai découvert ce dessert tellement satisfaisant il y a 20 ans lors de mon tout premier voyage en France. C’était lors d’une tournée de spectacles de théâtre de rue organisée conjointement avec le Conservatoire d’art dramatique de Montréal et l’Office franco-québécois pour la jeunesse. L’idée était d’aller animer la Maison du Québec ainsi que les petites rues se retrouvant dans la portion intra-muros de la ville de Saint-Malo en Bretagne. Deux semaines de pur bonheur qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire ainsi que dans celle de mes camarades de classe! Surtout que nous étions «payés» avec des coupons de restos! Dieu qu’on a bouffé là-bas!